SALAM pour la Démocratie et Droits de l’Homme exprime sa profonde préoccupation concernant l’augmentation des attaques menées à l’encontre des femmes au Bahreïn, qui font l’objet de détention et d’arrestations arbitraires, de torture, d’abus psychologique et physique ainsi que d’un déni de leurs droits fondamentaux en prison.
Plus de sept ans se sont écoulés depuis le début des arrestations en masse de 2011, et les arrestations ainsi que les attaques à l’égard des femmes, en particulier, perdurent toujours.
Les femmes activistes dans le milieu des droits humains et des droits des femmes, ainsi que les femmes exerçant en tant que docteur, avocat, écrivain, journaliste et professeur ont toutes été visées. Les femmes au foyer ont également été ciblées pour la seule raison de leur lien de parenté avec des hommes recherchés par les autorités pour de supposées “activités liées au terrorisme”.
La Commission d’Enquête Indépendante du Bahrain (BICI) a documenté le ciblage des femmes, notamment à travers les arrestations de la Vice-Présidente de l’Association des Enseignants Bahreïniens, Mme Jalila Al-Salman, de la cheffe de l’Association Infirmière Bahreïnienne, Mme Rulla Al-Saffar, ainsi que du médecin Khulood Al Darazi suivies par des douzaines d’autres.
D’après la documentation et la recherche menées par SALAM pour la Démocratie et les Droits de l’Homme, les perquisitions, les arrestations, les cas de torture et d’agressions sexuelles à l’encontre des femmes n’ont pas pris fin. Les contrôles aux checkpoints ont également été utilisés comme moyen de renforcer l’humiliation, le harcèlement verbal et sexuel, en particulier des femmes membres de la communauté chiite.
Le 26 mai 2017, l’activiste Ebtisam Al Saegh a dû se rendre sur le site de l’Agence de Sécurité Nationale à Muharraq, après avoir reçu des assignations à comparaître devant les autorités le jour précédent. Elle raconte avoir été battue pendant plusieurs heures, notamment à la tête et au ventre. Elle a également fait l’objet d’abus sexuel et verbal de la part des interrogateurs, qui l’ont menacée de viol si elle refusait de mettre fin à ses activités de défense des droits humains.
Il convient également de mettre en lumière le cas de Ghada Jamsheer, qui a fait l’objet d’une peine de prison d’un an et huit mois pour avoir critiqué les pratiques de corruption de l’Hôpital du Roi Hamad par le biais de tweets.
Zainab Al-Khawaja est un autre exemple. Elle a également été sujette à des arrestations répétées et à une peine de prison de trois ans pour avoir exprimé son opinion et critiqué la politique discriminatoire et marginalisante menée par le gouvernement Bahreïnien.
En outre, la poète Ayat Al-Quromzi a été gravement torturée dans la période suivant les soulèvements au Bahreïn. Elle fut notamment forcée devant les médias à reconnaître avoir commis des actes dont elle n’était pas responsable, tandis que ces images étaient diffusées par la chaîne publique d’information du pays.
A la date où le présent communiqué a été rédigé, dix femmes font face à des peines d’emprisonnement pour avoir “abrité” des hommes recherchés par le gouvernement. Ces femmes sont les suivantes:
Tayba Darwish:
Condamnée à cinq ans de prison pour avoir supposément “protégé des hommes recherchés”, malgré le fait qu’elle ait nié les accusations lors de son interrogation à la Direction d’Investigation Criminelle (CID) et au Bureau du Procureur. La Cour l’a condamnée à une peine de cinq ans de prison. Elle est mère de trois enfants: Zainab (11 ans), Ahmed (10 ans) et Fatima (8 ans). Depuis l’arrêt de leur mère, tous ont souffert d’intense pression psychologique, notamment après avoir assisté à la perquisition de leur domicile le 14 mai 2015, tandis que les hommes des forces de sécurité présents sur place insultaient leur mère verbalement.
Hajar Mansoor:
Hajar est la belle soeur de l’activiste Sayed Ahmed Al-Wedae, basée à Londres. Elle est condamnée à trois ans de prison pour avoir supposément “abrité des hommes recherchés”, et a été jugée dans le cadre de la loi antiterroriste. Son fils de 19 ans, Sayed Nizar Neama Al-Wedae, court également une peine d’emprisonnement de trois ans.
Zainab Makki Abbas Marhoon:
Zainab vient du village de Karzakan village et fut détenue à la prison pour femmes d’Isa après son arrestation en août 2017, en compagnie de ses frères Ali et Hasan ainsi que de son mari Ameen Habib Mansi. Elle a également été accusée d’“abriter des individus recherchés” et fut jugée sous le l’Acte de Protection Communautaire contre le terrorisme. Ses jeunes enfants sont restés sans parents, qui quant à eux sont désormais prisonniers politiques.
Fawzia Mashallah:
A 56 ans, Fawzia est la détenue la plus âgée et fut aussi arrêtée après avoir été accusée d’“abriter des individus recherchés”. Elle est jugée dans le cadre l’Acte de Protection Communautaire contre le terrorisme. Elle souffre de maladies chroniques mais a refusé le transport médical proposé par la le personnel de la Direction d’Investigation Criminelle, qui d’après elle la conduit à l’hôpital en roulant à une vitesse excessive et en refusant de prendre en considération son âge avancé.
Enfin, Amina Al-Qashaami, Faten Hussain, Hamida Al-Khour et Mona Habib sont également accusées d’ “abitrer des individus recherchés”. Elles ont toutes été jugées et condamnées à cinq ans de prison sous l’Acte de Protection Communautaire contre le terrorisme. Najah Ahmed Habib est également détenue sous le même chef d’accusation et jugée sur la même base juridique.
SALAM pour la Démocratie et Droits de l’Homme exhorte les autorités Bahreïniennes à cesser de cibler les femmes au Bahreïn, à mettre fin à la répression violente ainsi qu’aux procès et aux condamnations à motivations politiques, ainsi qu’à ne pas utiliser les femmes comme outil de pression contre les individus ayant fui le Bahreïn par peur de torture et de représailles.
Les femmes au Bahreïn font face à des violations de la part des autorités Bahreïniennes, avec le silence de la Cour Suprême des Femmes. Aucune des femmes concernés n’a pu fournir de témoignages directs concernant le harcèlement sexuel et la torture dont elles ont souffert aux mains des forces de police et de l’Agence de Sécurité Nationale. Elles affirment avoir été forcées à signer des aveux sous la torture et les menaces.
SALAM pour la Démocratie et les Droits de l’Homme exhorte le gouvernement Bahreïnien à:
- libérer toutes les femmes ayant été arrêtées sur la base d’accusations fondées sur des motivations politiques ainsi que d’abandonner les poursuites à leur égard.
- enquêter sur les allégations de torture et d’abus à l’encontre des femmes.
- mettre fin à l’utilisation des checkpoints comme outil de harcèlement sexuel et d’intimidation envers les femmes.
- respecter le droit international afin d’éliminer toutes formes de violence à l’égard des femmes.